Notre vie à Buenos Aires
Après plus de 2 mois passés dans cette ville passionnante, nous commençons à en faire partie et à en être imprégnés.
Au début de notre séjour, les Porteños (nom donné aux habitants de B.A.) nous proposaient spontanément et gentiment leur aide dès qu'ils voyaient qu'on cherchait notre chemin. Maintenant ce sont les gens et les touristes qui nous accostent parfois pour des renseignements. Les marchands de fruits et légumes du coin de notre rue nous saluent quand on passe devant leur échoppe et "nosotros charlamos un ratito con nuestra portera" (=nous taillons une bavette avec notre concierge). Les cours intensifs d'espagnol suivis durant 6 semaines (120 heures en tout) nous permettent de mieux comprendre les textes que nous lisons et de nous exprimer plus aisément pour converser, bien que les occasions ne sont pas aussi nombreuses qu'espéré de "practicar".
Cependant, les échanges et discussions que nous avons avec les gens que nous côtoyons ou rencontrons lors de nos cours, de concerts, de repas, visites et vie quotidienne nous dévoilent une société fragmentée aux multiples opinions souvent divergentes qui créent des conditions propices à de grandes tensions sociales et politiques. Ainsi, durant le mois de décembre, plusieurs confrontations violentes entre les autorités et des manifestants se sont produites sur la Plaza et l'Avenida de Mayo (prononcer "Macho"), lieux habituels de grands rassemblements et revendications. Nous avons également constaté, notamment par nos visites de musées et lectures, que l'Argentine est un pays avec une histoire tumultueuse, quasi sans cesse sujette à des révolutions, affrontements et coups d'état militaires. Nous ne citerons que le dernier remontant à 1976, date à laquelle le tristement célèbre général Videla prit le pouvoir, introduisant une des périodes les plus sombres de l'Argentine. Sous la dictature des juntes militaires, de 1976 à 1983, environ 30'000 personnes ont disparu, 15'000 ont été fusillées, auxquelles s'ajoutent 9'000 prisonniers politiques, 500 bébés enlevés aux parents desaparecidos et 1,5 million d'exilés, sans compter toutes les tortures et répressions subies. Encore aujourd'hui, des mères et grands-mères d'enfants disparus ou placés dans des familles "bien pensantes" défilent encore tous les jeudis après-midis en contestation sur la Plaza de Mayo, toujours à leur recherche, ou tout au moins tentant d'obtenir de leurs nouvelles.
Plaza de Mayo
Foulard blanc (à l’origine : lange en tissu de bébé) que portent les mères et les grands-mères de la place de mai.
Abstraction faite de ces ces tensions sociales et de ces problèmes liés également à la forte inflation monétaire, les gens vivent en bonne harmonie et on ne voit quasi jamais quelqu'un s'énerver dans la rue ou les restaurant même si les motards et les chauffeurs font preuve de beaucoup d'impatience et klaxonnent pour un rien.
Juste de quoi payer nos 2 bières....
Une dizaine de francs tout de même...